Marie Dauguet

Venise

Venise

 

Fait d'éblouissements, de ton opalisés,

Beau vase chatoyant, tu renfermes la mer;

Ton verre est doux aux doigts autant que ses baisers,

Ma lèvre en te frôlant goûte son souffle amer.

 

Quand Vénus nourrisait l'amour, du fond des airs

Ennuagés d'azur où son lit est posé,

Elle a laissé tomber aux remous des flots clairs

Une goutte de lait de son téton rosé;

 

Cette goutte de lait, en tes lueurs encloses,

Ressuscite pour moi la Grèce alexandrine,

Beau vase, mais brodé de gemmes byzantines,

 

Pour la dévotion de quelque Théodose,

Tu m'évoques encor le suprême Graal,

Où pourrait communier l'orgueil impérial.

 

CLARTÉS, 1907



03/09/2012
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