Marie Dauguet

Sotto voce

 

 

Sotto voce

 

Il est doux de mourir un peu

Aux berges des forêts mouillées,

Et parmi les feuilles rouillées

Qui s'égouttent du brouillard bleu;

Il est doux de mourir un peu.

 

Il est doux de n'être plus rien

Que la brume qui s'échevèle,

Moins que le frôlis sourd d'une aile,

Aux velours pourpré des fusains;

Il est doux de n'être plus rien.

 

Il est doux de mourir un peu

Avec les eaux qui se corrompent,

Avec les lointains qui s'estompent,

Avec les buis, les houx fangeux;

Il est doux de mourir un peu.

 

Il est doux de n'être pus rien,

Moins que le frisson d'une rose,

Dont le vent d'hiver décompose

La chair de nacre et de carmin.

Il est doux de n'être plus rien.


 

A travers le voile, 1902



28/07/2012
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