(A l'ombre des sapins...)
Par le bois
(A l'ombre des sapins...)
A l'ombre des sapins exhalant leur arôme
S'ouvrent, un peu gluantes, des bises;
Le vent indolemment fait tomber des alises
Et le jour qui s'écoule a la saveur d'un baume.
Un torpide sanglot monte des fondrières,
Languissante prière et qui scande
Les chuchotis légers qu'ont les blancs de Hollande
Et les trembles semant leurs feuilles aux lisières.
Souplement écartant les branches enlacées
Des taillis d'un bleu d'hortensias,
Un brocart, suspendant sa marche cadencée,
Frotte ses cornes aux troncs des acacias.
Renvoyant à l'écho les coups brefs qu'il assène
Un pic entêté fouille du bec
L'écorce crevassée et rugueuse d'un chêne
D'où tombe en crépitant l'averse des glands secs;
Un mulot dérangé a glissé sous les ronces,
Et je rêve, ô solitude douce...
Mon coeur pacifié te pénètre et s'enfonce
En toi, comme le pied des hêtres dans la mousse.
Par l'Amour, 1904