L'ouragan
Le sens de la vie
L'ouragan
Rauque le vent mugit, un taureau qu'on égorge!
Tout s'effondre et se brise; au fond du ciel béant
Résonnent les marteaux de quelque horrible forge,
S'effrènent les galops des esprits du néant.
Les corbeaux effarés et battus par l'averse
Tourbillonent perdus aux creux des noirs sillons
Qui labourent le ciel et que l'éclair traverse
Avec un craquement de verdâtres rayons.
Tout un choeur inconnu semble chanter des stances,
L'ardente Volonté y clame son tourment,
Son éternel dèsir et ses douleurs intenses
Et l'amour qui promet et la mort qui dément.
Il s'exhale du sol une odeur sulfureuse
Ainsi que d'un trépied, mais loracle exilé
N'explique plus l'énigme et la raison la creuse
En vain. - Les dieux sont morts et leur secret scellé.
Par l'Amour, 1904.