(Au ciel hivernal...)
Par le bois
(Au ciel hivernal...)
Au ciel hivernal confondus,
Des chênes en lugubres frises
Et que l'ombre fantomatise,
Dardent leurs gestes éperdus.
Comme un lourd bétail assoupi
Chargé de noirâtres crinières, -
Genêts fripés, myrtils, bruyères, -
Des rochers dorment accroupis.
Asiles pour les bêtes rousses,
Les ronciers aux vastes enceintes
S'étendent, où la vague empreinte
Des pinces au sol dur s'émousse,
Dans un repli marécageux
Du bois, un peu d'eau sombre grogne
Et très-loin une hache cogne,
Très-loin à l'horizon neigeux.
Puis s'éteint le rythme qui frappe
L'écho mort; la paix d'un cercueil,
Et sous les baliveaux en deuil
S'étale un silence de trappe.
Voilant les rameaux corrodés,
La neige insensiblement tombe
Et, seul vivant, parmi la combe
Fuit un sanglier déhardé.
Par l'Amour, 1904