Marie Dauguet

(Au fond des vergers d'or...)

(Au fond des vergers d'or...)

 

Au fond des vergers d'or que l'automne délaisse,

Sur les murgers verdis et parmi les bois d'une

Séraphique douceur, comme nimbés de lune,

La brume a répandu sa traînante caresse.

 

Emplissant les halliers de bleus frissonnements,

Le vent passe courbant les fougères roussies;

Tendrement exalté, de ses baisers d'amant

Il effleure les bois, jouit et s'extasie.

 

Tout cherche encor l'amour, languit, implore, espère;

Je sens à travers l'air qui suinte, et se devine,

Reflets errants du ciel, haleine de la terre,

La même obscure ardeur qui brûle en ma poitrine.

 

Le ciel passionné comme un coeur agonise;

Et, mêlant leurs accords en des rythmes fervents,

Mélodieusement confondus s'harmonisent

Les sanglots du désir et les plaintes du vent.

 

Par l'Amour, 1904



12/08/2012
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