(Le soleil,...)
(Le soleil,...)
A Monsieur Stuart Merrill.
Le soleil, une braise en un sombre encensoir
Dont la sanglante flamme aux bords des gués s'allume;
Le pâquis submergé jusqu'à l'horizon fume,
La rivière galope à travers les prés noirs.
Et partout, cette odeur d'herbe morte et d'écume,
D'inconnu s'enfuyant dans la brume du soir,
Comme un souffle d'amour si douce à percevoir
Parmi les joncs courbés que sa lqngueur parfume.
Mais le lointain soleil insensiblement meurt,
A peine reflétée à l'eau trouble qui vire,
La dernière clarté en frissons lents expire.
Tel un errant baiser, plus rien que cette odeur
Voluptueuse autant qu'un appel de chair nue
Qui monte dans la nuit où la clarté s'est tue.
Par l'Amour, 1904