Marie Dauguet

(C'est le printemps...)

Printemps

 

(C'est le printemps...)

 

C'est le printemps tout à l'heure

Qui naîtra par les bois gris

Où l'hiver lointain se pleure,

Où l'espoir proche sourit,

 

Car sous les branches dolentes,

Malgré leur morne torpeur,

Les bois ont un air d'attente,

L'air d'attendre du bonheur.

 

Une sève neuve emmielle

Les bourgeons tout vernissés

Où fuit un premier bruit d'aile

Qu'à peine on entend glisser.

 

Puis c'est, interrogative

Dans sa troublante douceur,

Soudain la chanson des grives

Qui roule en bémol mineur.

 

Et toi que pourchasse l'heure,

Attarde au bord des taillis,

Dans l'incertaine demeure,

Hôte un moment accueilli,

 

Tes pas! Jouis, coeur misérable,

Conscient pour peu d'instants,

De tout cet inexprimable

Charme d'un soir de printemps,

 

Participe au grand mystère;

Gonfle-toi, ô fleur de chair,

Comme les bourgeons dans l'air,

Comme les germes sous terre.

 

Bois de la Serre, 15 février 1903.

 

Par l'Amour, 1904



14/08/2012
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