Communion
Les Baisers
Communion
Près des ruisseaux obscurs dont se plisse la moire
Et que moirent parfois d'agiles frissons d'or,
Comme en un sanctuaire, archaïque trésor,
Des iris ont ouvert leur bleuâtre ciboire.
Le vain réel s'embrume au fond de ma mémoire:
Jours tièdes, affadis! Dans la flamme se tord
Consumé par mes soins le poussiéreux grimoire.
Voluptueux iris qui fleurissez le bord
De l'ombre et du mystère, accueillez et ma lèvre
Et la sienne, - où la mienne en la mordant s'enfièvre, -
Offrez à mes désirs d'extases altérés
Insatiablement ces parfums qui vous baignent,
Grâce au mystique vin que vous nous verserez,
Que plus intensément nos deux âmes s'étreignent.
20 février 1903
Par l'Amour, 1904.