Je frotterai mon corps d'une huile aromatique
Je frotterai mon corps d'une huile aromatique
Je frotterai mon corps d'une huile aromatique;
Je saisirai le fifre ou le psaltérion
Et je te chanterai sur un mode orchestique,
Autocrator au front couronné de rayons.
Orgiaque Soleil, je te louangerai
Parce que tu conduis les pas qui tourbillonnent
De saisons enivrées, dont les crotales sonnent,
Du sillon verdissant au vignoble épampré.
Je te louangerai au bruissement des seigles
De l'orge et du froment; jointe à l'immense effort
De tout ce qui veut vivre; avec le vol de l'aigle;
Mon cri te percera comme une flèche d'or.
Je te louangerai en ta haute demeure,
Mélangée à l'essor des délirants parfums,
A cet encens soyeux des automnes défunts,
Aux soupirs des vergers que la brise défleure.
Je te louangerai au milieu du troupeau,
Quand les vastes prairies au printemps resplendissent
Et que les taureaux fous vers ton orbe mugissent;
Dans le rythme du van, le galop des fléaux.
Large soleil assis sur les nues frémissantes,
Avec force, éloquente clarté, réponds-nous.
Devant toi l'univers a plié les genoux,
Proclame ton vrai nom que nos désirs pressentent.
Les Pastorales, 1908.