L'amour
Le sens de la vie
L'amour
Il est l'errante fuite et l'èternelle attente,
Celui qu'on voit sourire éphémère dans l'eau
Ecartant un moment le fugitif rideau;
La parole des bois que la tempête évente.
C'est en vain qu'on le cherche où son ombre est présente:
Don Juan se drapant aux plis de son manteau;
Roméo soulevant la pierre d'un tombeau,
Il est le revenant dont le secret nous hante,
Et nous, le naufragé périssant sur la nef.
Nulle chair n' frémi que d'un spasme trop bref;
Ce que vous évoquez, nul coeur ne le possède,
Parfums des ébéniers, montez dans la nuit tiède,
Vers les astres portez mon ténébreux essor:
Bien comprendre l'amour, c'est presque aimer la mort.
Par l'Amour, 1904.