Marie Dauguet

La cuisine


Simplicité

La cuisine

Voici l’âtre tiède où s’asseyent
La mère-grand et la servante,
Voici le chanvre que l’on teille
Aux jours d’automne quand il vente

Et que les jardins sont déserts
Dont les choux tout mouillés pourrissent
Voici que s’installe l’hiver
Au foyer où les grillons crissent.

Soutenant le blason lorrain
Deux amours que la flamme traque,
Avec les landiers pour tremplin,
Tout nus, gambadent sur la taque,

Et comme en un  soyeux écrin
Par moment fleurit et s’irise
Debout le chardon purpurin
Qu’étreint la ducale devise.

L’horloge breloque en sa gaine,
Bat comme un coeur à coups profonds,
L’étoupe aux solives de chëne
Pend avec les glanes d’oignons.

Voici les tisons attiédis,
Voici qu’à travers la mémoire
S’éveille le rêve engourdi
Au cri rauque du dévidoir.

C’est l’heure où sur la cendre douce
On écoute le pot chantant
Ainsi qu’un  criquet sous la mousse,
Un  crapaud au bord de l’étang.

Chantez, dévidoir et marmite!
D’un coeur simple teillant le lin,
Ma lèvre heureuse vous imite
Et ressasse un cantique ancien:

      “Dans cette étable
            Misérable
Qu’as-tu vu, qu'as-tu vu, bergère?
J’ai vu, doux comme un agnelet,
Jésus et Saint’Marie sa mère,
Tendrement lui donnant son lait.”

Par l’Amour, 1904.



18/08/2012
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