La gondole
Frissons
La gondole
La voile, tel un philactère
Sur parchemin cabalistique,
Déroulera des caractères
Obscurément talismaniques.
Et sans rame et sans gouvernail
Nous flotterons insubmersibles,
Ainsi que des saints de vitrail,
A travers une onde intangible.
Viens sur le canal extatique
Emmy la floraison des lys,
Au son des théorbes mystiques,
Dans la gondole de lapis.
Sous la tunique cramoisie
Que la lune folle étoila,
Viens, droite, avec tes cheveux plats
Dont l'ombre fauve s'émacie,
Voguer parmi les rêves morts
Qui soufflent dans des conques rauques,
En déployant de leurs doigts d'or
Leur suaire de moir glauque.
Par l'Amour, 1904.