Marie Dauguet

Le banc

Simplicité

Le banc

Viens avec moi, asseyons-nous sur ce vieux banc
Dans le verger paisible où pend du linge blanc
Près des flox inclinés qu’effleurent les abeilles,
Au soleil d’octobre qui doucement sommeille.

Tout repose, blessé, comme infiniment las,
Nul souffle ne palpite aux branches dégarnies;
Silencieusement sous les feuilles jaunies
Disparaît le vieux banc que le temps descella.

Surtout ne parlons pas, que seulement s’émanent
Mélangés à l’odeur des roses qui se fanent,
Nos vains soupirs: les mots nous ont toujours meurtris,
Quand on s’aime ardemment, s’est-on jamais compris?

Un inerte parfum sort des treilles rougies;
Comme sur les tombeaux les calmes effigies
Croisant mes bras muets, fatigués de gémir
Et puisque tout se meurt puissé-je aussi dormir!

Par l’Amour, 1904.



20/08/2012
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