La prairie permanente
La prairie permanente
En mars, après un bon et soigneux déchaumage,
Nopus sèmerons dans un sol argilo-calcaire,
La flouve, le lupin, l'agrostide vulgaire
Qui forment un solide et résistant fourrage.
Par ces aubes mouillées, qu'un soleil gris éclaire,
Nous herserons les champs soyeux comme un plumage,
A qui nous donnerons ensuite un fort roulage
Pour bien tasser la graine et la couvrir de terre;
Tandis qu'entre les pas, où du brouillard se drape,
Des grands boeufs patients, la lavandière happe
Sa proie; et qu'à l'orée du bois couleur de perle,
S'est éveillé soudain, si pensif et si doux,
A travers les bourgeons éclatés tout à coup,
Réjouissant nos travaux, le flageolet d'un merle.
Les Pastorales, 1908