Le merveilleux absent
Frissons
Le merveilleux absent
Le soleil a noyé le fleuve de son sang;
Près d'une eau volette
J'attendrai l'éternel et merveilleux absent
Dont le couchant dessine au loin la silhouette.
Et tout est immobile et d'un fixité...!
Les nombres et les êtres
Et l'espace et le temps ont cessé d'exister;
Seul un merle gazouille aux branchages d'un hêtre.
Pressant contre mon coeur la palme avec l'anneau,
Tulipe sur sa tige,
Je viendrai sur la rive en somptueux manteau;
Le soleil dans mon coeur lugubrement se fige.
Les prés sont de sardoine et le ciel est d'onyx.
Qu'il est cruel de tendre
Au merveilleux absent, sous les noirs tamaryx
Le geste de mes bras que la mort vient surprendre.
Par l'Amour, 1904.