Marie Dauguet

Le seuil

Le sens de la vie

 

Le seuil

 

J'ai palpé bien souvent quelqu'invisible porte,

Aprement tourmenté la clé entre mes doigts;

J'ai guetté des lueurs à travers les parois

Sans qu'un rayon jamais révélateur en sorte.

 

Vainement j'ai frôlé, parmi les vignes tortes,

L'impénétrable mur fait de nuit et d'effroi,

La fenêtre était close en l'or des feuilles mortes

Et l'étrange logis restait muet et froid.

 

Depuis j'ai déserté le seuil inaccessible;

Au mystère des bois noirs que le brouillard crible,

Je cherche le palais déclatante splendeur

 

Où des dieux inconnus se lassent de m'attendre,

Le parvis lumineux où je puisse suspendre,

Bouquet ensanglanté, l'offrande de mon coeur.

 

Par l'Amour, 1904.



15/08/2012
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