Le secret
Le secret
Crois-moi, hêle plutôt l'ombre, l'engoulevent,
Les heures où la nuit membraneuse s'étend,
L'écho mussé au fond d'un bois rempli d'automne,
Que l'été trop brillant, superficiel, aphone.
Crois-moi, parle au marais, à son vert râlement,
A l'effeuillement des bois que l'averse tache,
A la mousse jaunie où des parfums se cachent,
Au vent près de ton coeur jetant son cri tremblant;
Parle au sanglot contraint dont se meurt la fontaine,
Il est bien plus profond que son rire au printemps;
Au souffle du ruisseau nébuleux et qui traîne
Sa robe murmurante, aux roseaux se brisant.
Crois-moi, parle à ton coeur où s'enfonça la lance,
Comme un soleil brutal poignarde l'horizon;
Il en est plus subtil, plus savant, plus immense,
Plus proche du secret qui nargue la raison.
Dans les jeunes saisons, il se peut qu'on saisisse
Moins du mystère errant dans les choses et nous,
Qu'au crépuscule las de décembre où jaillissent
Quelquefois... quelques mots des éléments dissous.
Ce n'est rien, c'est la vie, 1924