Se dépasser
Se dépasser
C'est un soleil blasé et qui n'a plus de flèches
Dans son terne carquois;
Sur le marais cuivreux et que l'ombre caresse
S'abattent en chuchotant des vols sournois.
C'est un soleil repu: il a goûté tous les
Parfums du marécage; aux embruns violets
Des eaux, il a mêlé ses feux aromatiques
Qui doraient les boubiers au fond des moindes criques.
C'est un soleil gonflé de brouillard et d'odeur,
Enivré de l'opium humide de la terre,
Où mon coeur, ivre aussi, mélange sa lueur;
Qui mêle son secret stellaire à mon mystère
Humain. - Comme je t'appartiens, soir solitaire!
Un animal profond, subtil, revit en nous:
Nous foulons ces vases antiques où tu erres
Encore, vieux vouloir, d'où nous surgissons tous.
Je palpe cet effluve aux lointaines richesses
Qui berce quelle âme en puissance et quel instincr?
J'aspire à ce qu'un être admirable paraisse
En moi, dépassant l'homme où nous avons atteint!
Ce n'est rien, c'est la vie, 1924