(Le soleil mollement surgit...)
(Le soleil mollement surgit...)
Le soleil mollement surgit et se dilate
Comme une énorme fleur qui lentement s'étale
Et qui soudain parmi les prés mouillés éclate,
Eparpillant au loin ses rougeâtres pétales.
Le marais fume où l'eau mélancolique râle
Etendant sous les joues une moire écarlate,
Et la confuse vase intensément exhale
Dans le vent une odeur de baume et d'aromate
Puissante et qui vous met des baisers sur les lèvres.
Le paysage est plein de langueur et de fièvre
Ainsi que mon désir de troubles rêveries;
Et le songe est si doux dont la langueur m'obsède,
Que je me sens dans la nuit, avec leur parfum tiède,
S'effeuiller sur mon coeur des roses attendries.
Par l'Amour, 1904