Marie Dauguet

Les jardins Boboli

Les jardins Boboli

 

I

 

Résonnez tympanons, luths amoureux, violes

Du vent... Effeuillons les heures, roses folles

Subtilement, sans rien perdre de leurs parfums,

Loin de l'ombre mystique aux funérals embruns,

 

Par les bosquets qu'un soleil de pourpre auréole,

Cueillons les doux fruits d'or qui pendent, que chacun

Poursuive son rêve enivré... Avant qu'il soit défunt,

Au temps, que le désir impétueux viole,

 

Dérobons ses trésors! Et toi, Damigello,

Apparais, sous tes cheveux fauves en rouleau,

Quand du vent laudatif, l'hymne vers toi, s'évague,

 

Au merveilleux jardin que ton pas embellit,

Svelte Printemps, toi que peignit Signorelli,

En justaucorps d'orfroi et le poing sur la dague.

 

II

 

Doux visage d'éphèbe... ou de chèvre câline..

O Primavera, au corps mince d'androgyne,

Est-ce toi qui souris d'une lèvre ambiguë,

Sous le bandeau de buis, de myrthe et de ciguë?

 

Qui t'en viens à travers les fleurs de la colline

Et sur le bleu gazon que bigarre, exiguë,

L'ombre des hauts cyprès pointant leur flèche aiguë,

Parmi l'azur dont la transparence s'affine?

 

Le péplos d'hyacinthe envolé cache mal

Ton corps, pervers, sans doute... à l'attrait virginal...

Ton sein vague et ta hanche à l'indécis contour.

 

Adon, Antinoüs, impérial mignon,

Dont pend sur le cou blanc le flavescent chignon,

Ressuscite à mes yeux curieux tout l'Amour!

 

Extrait de Florence

 

Dans Clartés



10/09/2012
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