Marie Dauguet

Mazurke

Frissons

 

Mazurque

 

Le cachot m'étouffait, je m'en suis évadé,

Mais j'ai le coeur brisé de sa longue contrainte,

Le cauchemar m'a trop lourdement obsédé;

Quel spectre sur la rive a marqué son empreinte!

 

Le ménétrier fou coupe âprement le vent

De son archet. La nuit, où chantent les grenouilles,

L'entoure et l'on entend sous les roseaux mouvants,

Dans la tiédeur de l'eau, de l'inconnu qui grouille.

 

Les saules ont tordu leurs groupes convulsés,

La rive même danse et bondit hystérique;

Puis tout se meurt en accords bleus bémolisés,

Seul un crapaud répand un sanglot spasmodique.

 

Tout se meurt en accords bleus et bémolisés,

Et quelle nostalgie à jamais meurtrière!...

Le Rêve assassiné qu'emporte une civière

A croisé sur son coeur des bras paralysés.

 

Par l'Amour, 1904.



22/08/2012
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