Marie Dauguet

Mes boeufs tristes

Mes boeufs tristes

 

Mes boeufs tristes s'en vont, cou tendu et naseaux

Dilatés, par les champs dure que leur sabot brise;

Ils marchent frissonnant sous le grossier manteau

De toile où s'introduit, navrant leur flanc, la bise.

 

 

Aux pierres des échos l'air glacial aiguise

Infatigablement ses perçants javelots

Et tout à coup des giboulées glauques et grises

S'écroulent sur nous avec un bruit de grelots.

 

Des heures, patients, nous labourons pourtant,

Alignant les sillons, décrivant la tournière,

Mais sans rien espérer de la vie et du temps.

 

Sous la nue, qui toujours plus âprement se fonce,

Mon coeur est déchiré comme la glèbe amère

Où le soc des charrues cruellement s'enfonce.

 

 

Les pastorales, 1908 

 



09/10/2012
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