L'ombre d'argent
L'ombre d'argent
L'ombre d'argent m'entoure et vogue et se dilate,
Où mes regards heureux soudain s'épanouissent
Comme les astres doux qui dans les cieux fleurissent
Au vent mélodieux poursuivant sa cantate.
Entre deux nues, la lune offre son blanc calice,
Un nébuleux pollen s'échappe des stigmates
Et glisse. Sur mon coeur de pâles aromates
Descendent... merveilleuse et suprême blandice...
L'au delà transparaît sous le réel usé;
J'ai dépassé mes sens... enfin divinisé
Et m'enfonce en la nuit ouvrant son vaste abîme.
O nuit libère-nous. Hors du cachot charnel,
Que par toi, nous flottions comme un parfum d'autel,
O solennelle nuit... ô nuit sérénissime!
Les Pastorales, 1908.