Marie Dauguet

Prière

Prière

 

L'espace attend, les vents prosternés sont pieux;

La terre te désire d'une amour éperdue,

Formidable soleil, pantelant dans la nue,

Divine brute, Amant ivre et luxurieux.

 

Etends-toi sur la terre aux ondes cramoisies

Et verse dans nos nerfs ta rouge frénésie,

Titan fougueux; ô toi dont le visage est clair,

Que ton embrassement s'élargisse dans l'air.

 

La lumière vibrant, s'étale, Porte-lyre,

A tes pieds. L'univers extasié t'admire,

Hélios, trébuchant pour qui nous languissons;

Dieu pesant sur les corps comme sur les moissons.

 

La terre, en la clarté vivante qui la tâte,

Exhale un pourpre encens; de roses aromates

Ont suinté de ses flancs aux belles pâmoisons;

L'espace effervescent n'est plus qu'un seul frisson.

 

Ma chair flambe à l'égal des glèbes triomphantes,

Mon coeur s'écrie en moi comme un orgiophante;

Sa louange fervente ineffablement monte;

En son hymne embaumé, le désir se raconte.

 

Ephèbe éblouissant, et dont le geste est fort,

Fils du vieil Ouranos, que ta vigueur éclate;

Que de ton suc ardent, les épis écarlates

Se gonflent, fécondés; que fuie sous ton effort

 

L'ombre mystique, Hélios! Et puisse-t-il te plaire

D'accorder une vie douce comme le miel,

Sage comme le feu brûlant sur ton autel

A ceux qui sont initiés à tes mystères.

 

Les Pastorales, 1908



12/11/2012
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