Marie Dauguet

(Vie individuelle...)

Printemps

 

(Vie individuelle...)

 

Vie individuelle, être soi, duperie!

Chaîne qui vous enfonce au poignet son maillon!

Du monde conscient mon désir m'expatrie,

J'ai fait craquer ma gaine et tomber mon haillon.

 

Nature, prends mon coeur, prends-la, ma chair meurtrie,

Dissous dans ton creuset ce somptueux haillon

Et roule avec la boue au flot qui la charrie,

Ce corps qu'exténua un douloureux rayon.

 

Vois, je fuis ma pensée et je me réfugie

Dans ton sommeil profond et dans ta léthargie,

Et me voici dressé, attendant à ton seuil,

 

Lassé d'être celui que seul tu fis esclave,

L'évanouissement de ce Moi qui m'entrave

Et portant ma chair d'homme ainsi qu'on porte un  deuil.

 

Par l'Amour, 1904.



15/08/2012
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