(A l'ombre des alisiers,...)
(A l'ombre des alisiers,...)
A l'ombre des alisiers,
J'écoute la mouille lascive
Et son cantique à la dérive
Si tendrement psalmodié.
Je l'écoute à travers la vase
Le sanglotement jamais las,
Plaintes que vous eûtes, suaves
Livres que l'amour assembla.
J'aime l'odeur des herbes rousses,
Fourrure où s'enfoncent mes mains
Et que l'eau fuyante rebrousse
En se frayant de bleus chemins.
J'aime l'amertume qui rôde,
Forte et puissante comme un cri,
Des bois que l'automne corrode,
Appel que mes sens ont compris.
J'aime me coucher sur la terre
Comme sur un coeur oppressé;
Appuyer mon coeur solitaire
D'immenses désirs harassé;
Sentir mon corps ardent se fondre,
Métal dans un creuset dissous,
Nature, en ta langueur profonde,
Près de la mouille aux spasmes doux.
Par l'Amour, 1904