Marie Dauguet

Au jardin

Au jardin

 

A Marguerite Lemaire

 

Le brouillard imprécis dont le jardin se farde

Rase les bordures de buis. Par les sentiers

S'étire sa splendeur frêle où du jour se carde

Et pend en flocons d'or aux tremblants coudriers.

 

La saveur des oeillets et des roses musquées

Rôde languissamment dans le soir violet;

Saveur imperceptible et partout embusquée

Sous les buissons mouillés, parfums doux des fruits

 

Respirons cette haleine verte après la pluie

Des groseilliers, des coins mûris et des cassis,

Des feuilles de panais que le vent fraie essuie,

Le relent des pollens gluants, l'odeur des lis.

 

Respirons, sous l'ombrage épais, l'odeur des prunes,

Qu'on aperçoit, entre les feuilles, dans leur fleur

Délicate, et peintes d'un bleu de clair de lune,

Juteuses et tombant de l'arbre au moindre heurt.

 

16 octobre 1901



21/10/2013
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