Marie Dauguet

Ballade

Cendres et pourpres

 

Ballade

 

L'heure où quelque fantôme ailé

Sous la lune incertaine flotte,

De son mol argent linceulé;

L'heure où sur les mares pivote,

En un vieux rythme de gavotte,

La flamme des fadets. - Désir

Eternel en la nuit sanglote

Et lui verse son élixir.

 

Chaque huis est noir et clavelé.

Veillant auprès d'un feu de motte.

La Belle du roi de Thulé

Dévide son rêve et marmotte.

L'ombre à sa vitre d'or chuchote

Où la lune de bleu saphir

Verse sa clarté qui tremblote,

Grisante comme un élixir.

 

Le beau récit ensorcelé

Que ressasse la voix falote,

Cri si langoureux roucoulé

Des crapauds et de la hulotte,

Plus tendre qu'un chant de linotte.

Voici l'heure où l'obscur soupir

Des bois, des gués, des joncs clapote

Et nous verse son élixir.

 

Envoi

 

Prince des songes, dans ta grotte,

Reçois-nous à ton bon plaisir,

Sujets soumis à ta marotte,

Mais verse-nous ton élixir.

 

Novembre 1900

 

 

A travers le voile, 1902



16/04/2013
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