(La plaine infiniment...) A la prime vère
A la prime vère
(La plaine infiniment...)
A Monsieur Jules Lemaître
La plaine infiniment brûlante se dénude,
Plus qu'un char s'éloigant surchargé de rayons,
Qui flambe, tel un phare en l'âpre solitude.
Dure, la mer s'étend des rigides sillons.
Seule au bord d'un talus tremble la barbe rude
D'un épi oublié. Plus de pourpres tisons,
Blés dont l'haleine chaude aux fiévreux horizons
Dansait. Le jour brutal sur la décrépitude
De la terre qui craque aiguise sa clarté,
Pendant que le grillon lui donne la réplique
Et que, tout devenant sonore et mérallique,
Le soleil de midi, dans son intensité,
Reluit parmi l'éteule et, comme un coup de sabre,
Semble faucher enco son immense glabre.
Plaine d'Ainville, 31 juillet 1901.
En Messidor
A travers le voile, 1902