(Beaux lys...)
(Beaux lys...)
Beaux lys qui vous dressiez parmi les reliquaires,
Les chandeliers d'or fin et les orfèvreries,
Dont montaient les parfums, telles des hymnes claires,
Aux pieds de la Vierge Marie,
Je me souviens de vous; de ces vapeurs d'encens
Qui bleuissaient les parvis de Sainte sabine
Sur l'Aventin, de leurs volutes opalines
Au long des murs blancs s'entassant;
De mon coeur qui soudain s'ébandonne et s'entr'ouvre,
Par cet entour divin tendrement exalté,
Comme en la paix tombant des rouvres
Oubliant la vie dure et son aridité.
Je me souviens aussi de vous, Vierge un peu mièvre
Que peignit Sassoferrato.
Du sourire enfantin qui pare votre lèvre,
Des plis flous de votre manteau.
Et par l'effort de vivre, ardemment abusé,
Je me souviens encor éphémère passant,
Au seuil du cloître doux, comme emparadisé,
Du moine m'accueillant d'un air compatissant;
Du grand silence rituel,
Où L'orgueil de vouloir intensément abdique,
Et d'avoir pu goûter à ce rayon de miel,
La solitude monastique.
Extrait de "Rome"
dans Clartés, 1907.