Marie Dauguet

Bonheur

Bonheur

 

Bel été, souris-moi, parle-moi, je t'écoute,

Attentive comme une soeur, comme une amante,

Drapée dans l'azur long et que ton ciel déroule,

Couronnée par l'odeur des moissons flavescentes.

 

A travers la campagne idéalement blonde

Et tendre, souris-moi; au creux des blés où grondent,

Grand rouet envolé, dévidant du soleil,

Sous les coquelicots poussant des cris vermeils,

 

Les chansons des criquets; quand il pleut entre mes doigts,

Comme un miel embaumé, liquoreux, la clarté,

O mon enchantement, ma clémente beauté,

Qui me comble et me rassasie, ô souris-moi,

 

Ble été! Viens mon trésor et que je te prenne

Etroitement entre mes bras comme ses gerbes

Le moissonneur! - Quel vaste bonheur me subjugue!

Tout en nous est d'accord, je ne te cherche pas;

J'oublie ce labyrinthe où s'égare les pas

Te poursuivant, amour humain. Il s'accumule,

Mon bonheur, riche et splendide comme un gerbier,

Où l'on jette à pleins poings les lourds épis liés;

Riche et splendide autant que cette haute meule,

Avec de l'or bâtie, sur la fulgide éteule.

 

Les Pastorales, 1908.



12/11/2012
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