Le parfum des tilleuls
Le parfum des tilleuls
Aux portes de la ferme où se taisent les dogues,
Sur le jardin, l'étable et le vieux puits dormant,
Le parfum des tilleuls s'étale obscurément;
De l'été survenant, c'est le divin prologue.
Le parfum des tilleuls en la nuit blonde vogue
Et pénètre les coeurs d'un tendre enchantement.
Dans le soir tiède et doux comme des bras d'amant,
Les chalumeaux du vent ont des langueurs d'églogue
Tout d'émeut. On entend l'horizon haleter,
La terre sensuelle et lourde palpiter,
Que l'émoi des pollens féconds enthousiasme.
Ma lèvre est apuyée à la lèvre des dieux,
Tant s'épanche, invincible, envahissant les cieux,
Une odeur de baisers, d'étreintes et de spasme.
Les Pastorales, 1908.