Marie Dauguet

Minuit

Minuit

 

Plus de soleil vautré sur l'éteule haletante,

Amant inexorable à l'emprise tenace,

Dont la fougue la blesse et comble son attente;

Débordant l'horizon, l'ombre molle s'entasse.

 

Tout s'endeuille; il n'est plus de clartés palpitantes:

Roses en tourbillons s'effeuillant dans l'espace;

Plus de ces lourds baisers dont la troublante audace

Extasiait la chair, que nul désir ne tente.

 

Mais seuls, parmi la nuit où des astres s'éteignent,

Où, confus, meurt l'écho des souvenirs qui saignent,

Des lis anémiés et chastes s'allongeant,

 

Comme parfois au fond des obscurs sanctuaires,

Tout embaumés d'encens, de mornes lampadaires,

Laissent rigidement tomber des pleurs d'argent.

 

Les pastorales, 1908.



30/10/2012
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