Marie Dauguet

(Dans l'odeur des charbonnettes...)

Par le bois

 

(Dans l'odeur des charbonnette...)

 

Dans l'odeur des charbonnettes

La forêt s'endort;

A peine le vent halette

Aux frondaisons d'or.

 

A travers les feuilles mortes,

D'azur rechampi,

Au soleil ouvrant sa porte,

Le bacul tapi,

 

Dans la coupe solitaire

Presque inapercu,

Arrondit son toit de terre

Comme un dos bossu.

 

Au fond, le lit de fougère,

Le buffet branlant,

Le pain près de la soupière

Dans un linge blanc.

 

A l'ombre du toit rustique,

Sous un baliveau,

La fontaine aromatique

Tord son écheveau.

 

Et parfois un rouge-gorge

Vient en voltigeant,

Du framboisier qui le loge

Boire au flot d'argent.

 

O sauvage et sans contrainte,

Comme un lièvre pait,

Savourer d'une âme simple

Cette immense paix.

 

Avoir pour toute richesse

Et suprême don,

Sous l'humble toit qui se dresse

En cet abandon,

 

Et pour qu'au ciel me sourie

L'azur infini,

D'aimer comme un enfant prie,

D'aimer mon ami!

 

Par l'Amour, 1904



13/08/2012
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