(Dans l'odeur des charbonnettes...)
Par le bois
(Dans l'odeur des charbonnette...)
Dans l'odeur des charbonnettes
La forêt s'endort;
A peine le vent halette
Aux frondaisons d'or.
A travers les feuilles mortes,
D'azur rechampi,
Au soleil ouvrant sa porte,
Le bacul tapi,
Dans la coupe solitaire
Presque inapercu,
Arrondit son toit de terre
Comme un dos bossu.
Au fond, le lit de fougère,
Le buffet branlant,
Le pain près de la soupière
Dans un linge blanc.
A l'ombre du toit rustique,
Sous un baliveau,
La fontaine aromatique
Tord son écheveau.
Et parfois un rouge-gorge
Vient en voltigeant,
Du framboisier qui le loge
Boire au flot d'argent.
O sauvage et sans contrainte,
Comme un lièvre pait,
Savourer d'une âme simple
Cette immense paix.
Avoir pour toute richesse
Et suprême don,
Sous l'humble toit qui se dresse
En cet abandon,
Et pour qu'au ciel me sourie
L'azur infini,
D'aimer comme un enfant prie,
D'aimer mon ami!
Par l'Amour, 1904