Marie Dauguet

Quand je mourrai!

Quand je mourrai!

 

Je voudrais pour linceul, non la toile aux plis raides,

Non point le lin blanchi parmi l'herbe des prés,

Mais un tissu plus doux aux doigts que du sang tiède,

Un lambeau d'un couchant pourpré.

 

Je voudrais me mêler à l'océan des seigles

Qui réfléchit le ciel en son déferlement;

Aux palpitations des sainfoins qu'un vent frêle,

En juin, berce languissamment;

 

Devenir l'or des blés fauchés qu'on enjavèle,

Le chaume ensoleillé où des moissonneurs las

Dressent les lourds gerbiers dont la cime étincelle

Et qu'entoure une ombre lilas.

 

Je voudrais, quand la lune en manteau d'améthyste

Vers le gouffre des puits se penche, m'écouler

Et sangloter unie aux plaintes de l'eau triste,

S'égouttant des joints descellés.

 

Je voudrais que mon âme errante s'évapore

Comme un parfum flottant de lavande et de buis,

Confondue au sourire éclatant de l'aurore,

Auxx larmes que verse la nuit.

 

Par l'Amour, 1904



06/08/2012
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