(De lointaines tiédeurs,...)
Printemps
(De lointaines tiédeurs,...)
De lointaines tiédeurs, errantes mains, caressent,
Moiteur de peau sortant des troncs velus que pressent
Le lierre et les lichens. La volupté confond
Les bras humains avec la courbue assouplie
Des bouleaux étirant leur geste qui supplie;
Et mon désir comprend, frémit et leur répond.
C'est l'amour qui m'enlace et c'est lui qui m'enfièvre
A travers le vent chaud dont m'étouffe la lèvre;
Je lui ouvre ma chair qui veut et qui consent.
La force que j'adore, en la brise aromale
Flotte indiciblement; la sève triomphale
Dans un suprême élan vient se mêler au sang.
Unité de la vie: Elle est moi, je suis elle;
Je coule éperdument en sa mer qui ruisselle,
Atôme extasié, sans pensée et qui jouit
De n'être plus disjoint du pollen des narcisses,
Ni du cri des oiseaux, ni des sourdes dèlices
Où ce qui doit durer s'aime et s'épanouit.
Par l'Amour, 1904.