(Et ces odeurs...)
(Et ces odeurs...)
Et ces odeurs où la divinité habite,
Odeur de sombre mousse, odeur de scolopendre
Près des ruisseaux vaseux, odeur autant qu'un mythe
Transparente, dont 'âpreté nous vient surprendre
Et violer! Bras noués, torse, cheveux rudes
Sur mes lèvres, chair folle à la mienne enlacée,
Fauve évocation peuplant la solitude
Pour une feuille d'or que le vent a froissée.
Pourquoi ce baiser lourd et qui me martyrise
Reste-t-il à ma bouche embaumé et tenace
Parce que dans la brume oú la lande s'enlise
Un peu d`herbe se fane? Ame sanglante et lasse
Autant que la nature ensanglantée et lasse,
Ame avide, à travers ces parfums je devine
Les soupirs du Désir, je le sens qui m'embrasse
Comme un amant pressant son front sur ma poitrine.
21 octobre 1902
Par l'Amour, 1904