Marie Dauguet

Hécate

Cendres et pourpres

 

Hécate

 

La lune, cetaine nuit, saigne,

Rouge d'on ne sait quel affront;

Tout un flot ténébreux la baigne,

Un débordement d'Achéron.

 

Hécate alors, dans ce domaine

Des ombres, cher aux meurtriers,

Vient, pour chasser la race humaine,

Découpler ses noirs lévriers.

 

Leur course en silence s'effrène

A travers l'abîme mouvant;

Ils vont, accompagnant leur reine,

Au gré des caprices du vent.

 

Et quand la bête est éventrée,

Que les derniers os sont rongés,

On les voit, après la curée,

Fixer leurs profils allongés

 

De loups sur le disque écarlate

Où, déposant son carquois d'or,

Rêveuse, leur maîtresse Hécate

Auprès d'eux se couche et s'endort.

 

A travers le voile, 1902



15/04/2013
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