(Il est des heures...)
Les heures fragiles
(Il est des heures...)
Il est des heures si fragiles,
Frêles autant que des oiseaux,
Qui semblent s'enfuir plus agiles,
Mésanges parmi les roseaux.
Leur charme est de subtile essence,
Respiré plutôt que perçu,
Tout un infini s'y condense
En un langage jamais su.
Faits d'un regard ou d'un sourire,
Ou d'une larme au coin des yeux,
Courts bonheurs qu'on ne saurait dire
Et qui restent mystérieux.
O délices inexprimés!
Votre secret m'est précieux
Et j'entends des voix bien-aimées
Dans vos accords silencieux.
A travers le voile, 1902.