Marie Dauguet

(Il est des heures...)

Les heures fragiles

 

(Il est des heures...)

 

Il est des heures si fragiles,

Frêles autant que des oiseaux,

Qui semblent s'enfuir plus agiles,

Mésanges parmi les roseaux.

 

Leur charme est de subtile essence,

Respiré plutôt que perçu,

Tout un infini s'y condense

En un langage jamais su.

 

Faits d'un regard ou d'un sourire,

Ou d'une larme au coin des yeux,

Courts bonheurs qu'on ne saurait dire

Et qui restent mystérieux.

 

O délices inexprimés!

Votre secret m'est précieux

Et j'entends des voix bien-aimées

Dans vos accords silencieux.

 

A travers le voile, 1902.



29/03/2013
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