Marie Dauguet

(Languir et s'écouler...) Brumaire

Brumaire

 

(Languir et s'écouler...)

 

Languir et s'écouler dans ta morne atonie,

Nature, quand l'hiver éparpille aux revers

Des talus, aux étangs, par les sillons déserts

Sa brume monotone en houles infinies.

 

A l'heure ensorcelante où sur l'éteule grise

Se presse à pas confus la masse d'un troupeau,

Qui va broutant la nuit; quand, au vague rideau

Des peupliers, murmure une insensible brise,

 

Agitant mollement les branches sommeilleuses,

Errer comme la lune au fouillis bleu des guis,

Comme au marais pensif, un filet d'eau qui fuit,

Comme du chabon sec, la gaine duveteuse;

 

Pendant que, tout à coup, dans l'odeur de la vase,

balancé aux remous du liquide brouillard,

Et, large, s'éployant sur la campagne rase,

S'enlève lourdement le vol d'un balbuzard.

 

Bar-sur-Seine, 30 novembre 1901



18/03/2013
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