(J'ouvre à ton pas...) A la primevère
A la primevère
(J'ouvre à ton pas...)
J'ouvre à ton pas joyeux le seuil de ma chaumière,
Merveilleux jouvenceau que j'aime et que j'attends;
Sous la cuirasse de diamant, ô Printemps,
Casqué d'or flamboyant, chevauchant la lumière,
Avance et montre-toi! - Tes caresses premières
Ecartent déjà les chèvrefeuilles flottants
A ma fenêtre; et, parmi les vols palpitants
Des phalènes au coeur de mes roses trémières,
Ce sont tes baisers que j'entends. - Beau chevalier,
Prends ta lance d'argent et pourfends le geolier
De mon âme, cette princesse ensorcelée
Qu'enferma le maléfique Hiver dans sa tour;
En croupe, conduis-la vers ces bois où, voilée,
Ressuscite la fleur de l'éternel amour.
A la Primevère
A travers le voile, 1902