L'aumône
Cendres et pourpres
L'aumône
C'est fini de voguer sur de pompeux cloaques;
Dans les mauves flétris et les ors somnolents
Du soir évaporé, maint branchage qui craque,
Baigne sa masse obscure. - Au bord du firmament,
Le lait pur de Vénus, source vive émergeant,
Coule? - Par les roseaux, où traine un peu de laque,
La lune a réfracté sa faucille d'argent.
Le ciel avec mon coeur devient élégique.
Tout s'embrume et pâlit. - Mon amour, roi puissant,
Le Rêve, assis là-bas, sous sa robe de serge,
T'implore, voyageur au seuil de cette auberge
Qu'est la nuit. - Et toi, riche, accueille ce passant,
Ouvre-lui ton palais; des trésors qu'il recèle
Brode son noir manteau, remplis son escarcelle.
8 août 1901
A travers le voile, 1902