(L'idéale moisson...)
(L'idéale moisson...)
Par les nuits de juillet, les parfums pénétrants
Des gerbes à la lune étrangement pâlies,
Me semblent la douceur d'un coeur qui me comprend,
Mon âme, gerbe aussi, fleurit et se délie,
Eprise de rosée et de mélancolie,
Quand le blanc clair de lune, évocateur souffrant
D'infini, de beauté, de tout ce qui nous rend
Funeste la raison et chère la folie,
S'épanche lumineux et confidentiel
Sur les chaumes dormants, neige parmi les herbes,
Ou tremble, fin grésil, à la pointe des gerbes.
Reflets d'or des sillons, épis d'argent du ciel,
Qui, ce soir, confondez des rayons et des tiges,
Mêlez, parfum vivant, ma gerbe à vos prestiges.
En Messidor
A travers le voile, 1902