Le seuil de la grange
Le seuil de la grange
Plus de feuillages noirs que la bise courrouce,
Mais la nuit au vent tiède et lent, les bois gazouillent
Et la lune s'en vient sur la moiteur des mousses,
Poser ses pieds clarteux et que la rosée mouille.
Froidure, vents outrés, le printemps vous repousse,
Sourdement l'herbe croît et les rainettes chantent,
Dans une verte odeur de sève et d'eau courant.
Il semble que partout respire une âme douce.
Vers l'écho sourdement s'éveillant qui répond;
La queue battant les flancs, râlent mes taureaux blonds,
Quand le bouvier songeur les mène à la fontaine;
Et ce soir je voyais sur le seuil de la grange,
L'Amour assis, croisant ses ailes de mésange,
Flageoler une églogue en un tuyau d'aveine.
Avril 1906.
Les Pastorales, 1908