Marie Dauguet

La chasse

Cendres et pourpres

La chasse

Le concert éclatant des ors qui rutilaient,

Fauves lions épars aux flambantes crinières,

S'éteint, et maintenant, troupeau sur la bruyère,

C'est le meuglement prolongé des violets.

Plus de ces léopards zébrés dont s'étalait

L'échine éblouissante. - Il monte des tourbières

Un extatique encens qui nacre les verrières

Du ciel, soupirs mouillés des tièdes serpolets.

Le néant semble prêt à ressaisir sa proie;

L'inutile existence en l'ombre qui poudroie

S'effare. Au loin, là-bas, quelqu'un sonne du cor.

Harassés, haletants, courons, bêtes de chasse,

Portant en notre coeur quelque absurde trésor,

Rusons avec la Mort qui hurle sur nos traces.

10 août 1901

A travers le voile, 1902



04/04/2013
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