Marie Dauguet

La cour


Simplicité

La cour

Dans une ville à l’abandon,
Très vieille où sommeillent les pierres,
Où les murs délabrés enfouissent leur front
Sous la mousse et les pariétaires,

Je connais une ancienne cour
Toute pleine de poésie
Et d’humidité verte, avec sa chambre à four
Dont branle la porte moisie;

Avec son bûcher qui sent bon
Et d’où la ténébreuse haleine
Monte des hêtres au feuillage moribond
Et des troncs mutilés des chênes.

En face, au mur embruiné,
Qu’habite un nid de rouge-queues,
Une fenêtre s’ouvre; à ses carreaux fanés
Pendent des rideaux à fleurs bleues.

A travers l’ombre s’éplorant,
Les bardannes et les orties,
Le puits dort où parfois le soir la lune errant
Glisse une lueur amortie.

A l’oubli d’exister, vraiment
La cour obscure nous convie,
Cloître doux opposant aux rumeurs de la vie
Son silence et son dénûment.

*

Mais seule, en un pot vernissé,
Languit une pâle anémone,
Languit infiniment et comme un coeur blessé
D’amour, une pâle anémone.

Par l’Amour, 1904.



20/08/2012
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