La moisson
Le sens de la vie
La moisson
Malheur au dédaigneux des floraisons paisibles,
Sarrasins embaumant la pente des côteaux,
Au fou sublime épris de fleurs inaccessibles
Dont le vent glacial déchire le manteau;
Les loups flairent ses pas sur la neige flexible
Où la crevasse guette entr'ouvrant son étau.
Malheur à celui-là dont le coeur est la cible
Où d'absurdes désirs ont planté leurs couteaux,
Tel un martyr ancien que la douleur enivre,
Il enfonce en sa chair l'acier rouge et qui vibre.
Je n'irai plus jamais parmi les soirs sereins,
A travers leurs clartés tendrement assourdies,
Je n'irai plus jamais aux glèbes attiédies
Moissonner en chantant les pâles sarrasins;
Par l'Amour, 1904.