La Moisson 4
La moisson 4
De splendides accords de tous côtés jaillissent,
Il semble qu'on entende au loin des chars qui roulent;
Les clartés de midi par les champs retentissent:
Heurts de cymbales d'or, éclatement de foudre.
Sur la terre exaltée et ses craquants sillons
Tombe inlassablement de l'or en tourbillons
Et l'azur brusquement consumé s'évapore,
Déserte l'horizon que mon oeil ivre explore.
Mais la terre et le ciel, comme un couple qui s'aime
Et qu'une étreinte aiguë âprement martyrise,
Soudain sont parcourus par un grand frisson blême:
A force de chaleur, la lumière se brise;
Et partout la remplace un hâve tremblement;
Tout se pâme et jouit:
La terre dont frémit le grand coeur véhément,
Le soleil secoué par un spasme inouï.
18 juillet 1907.
Champs des Gouvets.
Les Pastorales, 1908