Marie Dauguet

Le moulin

Le moulin

 

Le vieux moulin velu, baigné de lune rose,

S'endort. Entre ses murs, aucun choc de blutoir

Et l'immobile roue dans sa fosse repose.

 

Les peupliers jaseurs ont cessé de mouvoir,

Comme paralysés par quelle étrange hypnose?

Leur cime qu'une orfraie a choisi pour juchoir.

 

Comme il se tait mon coeur! Un grand silence fuse

Du canal sommeilleux et de sa fixité;

A peine un soupir trouble aux mousses de l'écluse;

Un crapeau languissant éteint son cri flûté.

 

Mais l'orfraie, tout à coup, dans cette nuit d'été,

Et près de l'eau rosie comme une plaie contuse,

Où le reflet du bois noirâtrement infuse,

Jusqu'aux astres répand son sanglot exalté.

 

10 Août 1906

Moulin des oiseaux.

 

Les Pastorales, 1908



18/11/2012
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